Vie contée
Il était une fois une petite fille qui avait un cœur énorme. Son cœur était si gros qu’elle ne voyait pas ses pieds. Avec un cœur aussi grand, elle avait beaucoup, beaucoup de joie et d’amour à donner. Surtout qu’à chacun de ses pas, son cœur faisait jaillir des paillettes sur tout ce qu’elle voyait. Le monde est beau avec un cœur aussi gros. Mais voilà, bien souvent, elle n’y voyait plus grand chose. Alors pour ne pas rester aveugle, la petite fille devait souffler et souffler encore. Elle trébuchait bien souvent mais elle s’en fichait, elle continuait à avancer. Le monde était si beau !
Un jour, elle souffla si fort qu’elle recouvrit de paillettes un garçon qui passait par là. Pour la remercier de lui avoir montré un monde si beau, il prit la jeune fille par la main pour la guider et elle put enfin respirer normalement. Le chemin fut bien plus facile alors. Mais avec un cœur aussi gros, il fallait rester forte. En effet, la moindre branche, la moindre barrière sur le chemin, venaient heurter le pauvre cœur qui prenait tant de place. Petits bleus à petits bleus, le cœur avait de plus en plus de mal à faire jaillir ses paillettes, même si la main du garçon l’aidait à garder de belles couleurs.
Jusqu’au jour où la jeune fille fut heurtée si violemment qu’elle trébucha un peu puis tomba en avant.
(suite)
Le jeune garçon ne put la retenir et la jeune fille tomba sur son pauvre cœur qui explosa en mille morceaux. La jeune femme se mit alors à pleurer. Ses yeux emplis de larmes ne voyaient plus qu’un monde flou et incompréhensible. Horrifié, le jeune homme se mit à chercher et à rassembler tous les morceaux de ce cœur, jadis si beau. La jeune femme fit également de son mieux, les yeux toujours emplis de larmes, pour reconstituer son cœur.
Des jours, des semaines, des mois passèrent… Finalement, tous les morceaux furent rassemblés. Mais il était impossible de les recoller. La jeune femme qui, tout à sa tâche, avait fini par sécher ses larmes, avait vu avec un regard neuf le monde autour d’elle et aussi l’homme qui avait mis tant d’énergies à l’aider. Elle avait vu un monde terne mais pas sans couleur, un monde cruel mais aussi aimant. Alors, elle prit la main de l’homme à ses côtés, tous les morceaux de son cœur rassemblés et se releva lentement.
A quoi bon avoir un cœur aussi grand si c’est pour tout garder pour soi ? La jeune femme garda un petit morceau, un morceau qui battait au rythme de son compagnon de voyage, puis s’évertua à distribuer les autres morceaux à ceux qui redonnent de la couleur au monde.
Et lorsqu’elle est triste, elle n’a qu’à regarder les paillettes dans les yeux de l’homme qui l’aime pour retrouver le sourire.