Souvenirs d’enfance
Ce n’est pas la vue d’un élément qui m’a replongée dans mes souvenirs mais plutôt une absence, celle des arbres. Lorsque j’étais écolière, de grands platanes encadraient cette cour de récréation. Que j’aimais ces platanes ! Je passais beaucoup de temps à admirer la lumière dans les feuillages et j’appréciais toujours de les voir danser avec le vent. J’entends encore le bruissement des feuilles. L’automne, elles étaient magnifiques, colorées. Nous récupérions toujours les feuilles tombées pour faire des personnages. Ces platanes étaient également importants pour beaucoup d’entre nous à cause de leurs racines qui couraient dans la cour de récréation et offraient un formidable terrain de jeux pour nos parties de billes. Je me revois encore me concentrer avant un tir pour contourner ou sauter une racine qui se trouvait entre ma bille et celle de mon camarade de jeu. Je devais avoir 8 ans.
Je sens encore la dureté du sol sous mes jambes repliées. Il y avait toujours des petits cailloux qui venaient se loger sous le pantalon et rendaient la position inconfortable. Peu importe. Nous étions concentrés sur le jeu. Il n’était pas rare que nous allions jusqu’à nous allonger pour mieux viser. Nos mains posées sur le sol froid, rugueux et poussiéreux. Je ressens encore la présence des autres enfants autour de moi qui attendent leur tour. J’entends vaguement deux d’entre eux, derrière moi, parler de billes et de calots. La partie terminée, je me revois observer nos trésors avec eux. Un garçon brun, plus vieux que moi, parle. Il dit que les calots valent plus que les billes et qu’il en a beaucoup. Une petite fille blonde a côté de lui se met à montrer ses billes chinoises, des billes plates qui viennent juste d’apparaître dans les magasins et que tous les enfants rêvent d’avoir. Je me souviens qu’à les écouter, j’avais moi aussi très envie d’avoir des calots et des billes chinoises.
(suite)
Je les écoute en faisant rouler les billes dans ma main. J’apprécie beaucoup leur rondeur et la transparence de certaines. Il m’arrive souvent d’observer la lumière qui les traverse.
Mon attention se détache ensuite des enfants qui m’entourent et mon regard se met à balayer le reste de la cour de récréation. En face de moi, se trouve le terrain de foot. Un terrain délimité par quatre traits blancs et deux U en métal inversés en guise de buts. Je me souviens que le métal est particulièrement froid et que j’aime essayer de toucher la barre horizontale encore très haute pour moi. Des garçons sont en train de jouer. L’un deux fait un tir au but que son camarade n’arrive pas à arrêter. Je le vois alors lever les bras et courir dans tous les sens. Sa joie me fait sourire. Malgré le brouhaha de la cour, je l’entends clairement crier « Buuuuut ».
Derrière le terrain de foot, un grand mur nous sépare de la cour des maternelles. Des enfants jouent à la paume. Ils lancent la balle sur le sol et le mur, les uns après les autres. Les règles du jeu me reviennent alors en tête. Il ne doit y avoir qu’un rebond pour que la passe soit valide.
J’ai tant de souvenirs dans cette cour. Je me souviens des groupes de filles qui jouaient aux Polly Pockets ou à l’élastique ; des grands poteaux du préau qui permettaient à d’autres de jouer à cache cache ; des bancs sur lesquels on jouait au docteur et des grands qui aimaient faire des concours de bras de fer.
Il me suffit de fermer les yeux pour y être à nouveau.
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